En raison de son emplacement, de sa topographie et de ses conditions socioéconomiques, le Madagascar est l’un des pays les plus exposés et les plus vulnérables au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes, les cyclones, les inondations et la sécheresse constituant les plus grands risques. Le Madagascar et d’autres pays de l’océan Indien ont récemment été touchés par le cyclone tropical Belna en décembre 2019, qui a suivi les cyclones tropicaux Idai et Kenneth qui ont également frappé la même région au début de 2019. Selon une étude de modélisation du risque de catastrophe de la Banque Mondiale, le Madagascar subit des pertes annuelles de 100 millions de dollars US en dommages dus aux cyclones et aux inondations. La récente vague d’événements météorologiques extrêmes au Madagascar souligne la nécessité de trouver des solutions innovantes et durables pour faire face à l’impact des catastrophes naturelles, notamment en développant des instruments spécifiques de gestion des risques et de financement des catastrophes.
Au cours des dernières années, le gouvernement du Madagascar a été en mesure de passer d’une aide d’urgence post-catastrophe à l’adoption de stratégies de gestion des risques de catastrophe et de résilience au changement climatique, en s’appuyant sur un engagement important à long terme avec plusieurs partenaires au développement, y compris l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne (UE), la Facilité mondiale de prévention de catastrophes et le relèvement (GFDRR) et la Banque Mondiale. Le gouvernement du Madagascar a accordé la priorité à l’amélioration de la résilience financière face aux risques naturels et à l’intégration de la gestion des risques de catastrophe et des considérations relatives au changement climatique dans ses processus de planification et d’élaboration de stratégies. Les principaux jalons de ces progrès comprennent l’adoption d’un solide cadre stratégique de GRC et d’un éventail de stratégies pour la GRC et l’adaptation aux changements climatiques, comme la Politique nationale de gestion des risques de catastrophe et la Stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe (2016-2030).
Conformément à ces récents efforts visant à renforcer le cadre institutionnel malgache en matière de gestion de risques de catstrophes (GRC) et à aider à répondre à ses besoins immédiats en liquidités à la suite d’une catastrophe naturelle, le 12 décembre 2019, la Banque Mondiale a approuvé un soutien spécifique au pays par le biais d’une opération de politique de gestion de risques de catastrophe de 50 millions de dollars avec une option de prélèvement différé en cas de catastrophe (Cat-DDO). Un crédit de 10 millions d’EUR de cofinancement de l’AFD a également été approuvé en parallèle, ce qui est la première fois que l’AFD cofinance une opération Cat-DDO. Par coïncidence, cette opération a été approuvée quelques jours seulement après que le cyclone tropical Belna a touché terre au Madagascar.
Cette opération marque une étape importante vers l’amélioration de la capacité du Madagascar à se préparer aux catastrophes naturelles et à y réagir. Non seulement ce nouveau financement fournit des ressources supplémentaires nécessaires pour assurer une intervention appropriée après une catastrophe, mais il offre également au pays l’occasion de renforcer les aspects juridiques, politiques et autres aspects institutionnels de son cadre de GRC. Plus précisément, le mécanisme de financement Cat-DDO soutiendra Madagascar sur les réformes clés qui renforceront les capacités de GRC du pays, renforceront sa résilience financière face aux catastrophes, assureront une protection sociale adaptée aux chocs, et intégrer la résilience aux catastrophes et au climat dans son programme de développement urbain. En outre, il permettra au Madagascar de renforcer davantage son cadre institutionnel et ses mécanismes de coordination pour faire progresser son programme national de lutte contre les catastrophes et la résilience climatique. Le Madagascar sera donc bien positionné pour poursuivre sa transition d’une focalisation sur les opérations de secours post-catastrophe à des mesures de GRC proactives pour renforcer la résilience.
Le nouveau Cat-DDO s’appuie sur l’engagement de longue date du GFDRR au Madagascar, englobant des projets régionaux et nationaux. L’approbation de l’opération a été précédée d’une collaboration technique entre le gouvernement de Madagascar, l’AFD et la Banque Mondiale sur la portée et la concrétisation de cette opération importante. Cela a été rendu possible grâce au soutien de l’Initiative de financement des risques de catastrophe en Afrique (ADRF) financée par l’UE, qui a financé des activités clés pour faciliter cette nouvelle opération, y compris l’examen des formes juridiques pour la mise en place d’une telle opération requise par le cadre juridique malgache, ainsi que l’assistance technique en vue de l’adoption d’un décret portant création d’un fonds de réserve en cas de catastrophe. L’opération Cat-DDO au Madagascar n’est que le dernier exemple de la façon dont les activités de l’initiative ADRF ont jeté les bases de nouveaux investissements dans le financement des risques en Afrique subsaharienne. Auparavant, l’initiative avait mobilisé plus de 570 millions de dollars de fonds supplémentaires auprès de partenaires du développement, dont la Banque Mondiale, dans six autres pays : Cabo Verde, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, le Niger et l’Ouganda.
L’initiative ADRF est l’un des cinq domaines de résultats de l’Union européenne (UE) - Programme de coopération Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) Renforcer les capacités de résilience face aux catastrophes en Afrique subsaharienne [1], mis en œuvre par plusieurs partenaires, dont la Banque africaine de développement (BAD), la Commission de l’Union africaine (CUA), le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) et la Facilité mondiale pour la prévention des catastrophes et le relèvement (GFDRR) géré par la Banque Mondiale. L’objectif global du Programme est de renforcer la résilience des régions, des pays et des communautés d’Afrique subsaharienne aux impacts des catastrophes naturelles, y compris les impacts potentiels des changements climatiques, de réduire la pauvreté et de promouvoir le développement durable.
L’initiative ADRF, lancée en 2015 et mise en œuvre par la GFDRR et la Banque mondiale, soutient l’élaboration de stratégies de financement des risques aux niveaux régional, national et local afin d’aider les pays africains à prendre des décisions éclairées pour améliorer l’intervention financière post-catastrophe afin d’atténuer les répercussions socioéconomiques, financières et financières des catastrophes.
[1] Plus d’informations sur le programme Renforcer les capacités de résilience face aux catastrophes en Afrique sub-saharienne sont disponibles sur : https://www.preventionweb.net/resilient-africa/.