Le 14 aout 2017, un glissement de terrain dévastateur a balayé les banlieues de Freetown, la capitale du Sierra Leone, affectant plus de 6,000 personnes et causant plus de 1,141 morts ou disparus. Freetown avait subi trois jours successifs de pluies torrentielles qui ont causé de graves inondations et provoqué l’effondrement partiel de la montagne avoisinante de Sugar Loaf. Les coulées de boue ont détruit des infrastructures essentielles tels que les écoles, les établissements de santé et les routes, ainsi que le quartier résidentiel densément peuplé de Régent.
Le gouvernement du Sierra Leone a formulé une demande d’assistance à la Banque mondiale afin d’entreprendre une évaluation rapide des dommages et de développer un cadre de relèvement. Avec l’appui du programme Afrique, Caraïbes, et Pacifique - Union européenne de prévention des risques liés aux catastrophes naturelles (Africa, Caribbean, Pacific Natural Disaster Risk Reduction, ACP-UE NDRR), cette évaluation rapide a estimé la valeur économique totale des pertes à $31,65 millions, avec un impact particulièrement sévère sur les secteurs du logement, de la protection sociale, et de la santé. Le cout total des efforts de relèvement a par ailleurs été estimé à plus de $82,41 millions, dont au moins la moitié devant être consacrée au relèvement résilient à long terme. Ceci comprend l’aménagement territoriale, l’amélioration des cadres juridiques et institutionnels, et l’intégration des principes de réduction des risques de catastrophes dans le développement et la planification sociale.
D’après l’évaluation, plusieurs facteurs ont contribué au taux de mortalité du glissement de terrain, dont des pratiques de construction non-réglementées – qui ont affaibli la solidité des pentes de montagne – la déforestation causée par l’urbanisation non-contrôlée, et une prépondérance d’habitations considérées comme dangereuses dans des zones à haut-risque. L’évaluation a également souligné certains blocages institutionnels qui ont freiné la réponse initiale du gouvernement, ainsi que des possibilités pour renforcer la capacité de celui-ci à planifier le relèvement et la résilience à long-terme.
Le gouvernement a développé sur la base de cette évaluation rapide et avec l’appui d’un autre projet ACP-UE NDRR un cadre de relèvement qui met l’accent sur le renforcement des institutions et des capacités de gestion des risques de catastrophes (GRC) du Sierra Leone pour améliorer le relèvement, la préparation, la réponse, et la résilience. La capacité du pays à se préparer et à répondre aux situations d’urgence a été renforcé, de même que son cadre politique et institutionnel pour une GRC efficace, avec la participation de plusieurs institutions publiques comme le Bureau de sécurité national, l’Agence de protection de l’environnement, le Ministère des terres, du logement, et de l’environnement, le Conseil municipal de Freetown, et le Conseil du district rural occidental.
Ces efforts ont mené à l’inauguration en novembre 2020 d’une nouvelle agence nationale de gestion des catastrophes (National Disaster Management Agency - NDMA) pour le Sierra Leone. Cette étape importante résultant d’une collaboration entre l’Agence météorologique du Sierra Leone et l’Agence nationale de gestion des ressources hydriques permettra au pays d’améliorer ses capacités à répondre aux prochaines catastrophes, ainsi que ses systèmes d’alerte précoce. Lors de la cérémonie inaugurale, Son Excellence le Président de la République de Sierra Leone, Dr. Julius Maada Bio, a souligné que « la résilience au changement climatique doit être mise en œuvre en étroite collaboration avec les communautés, qui ont un intérêt direct et doivent prendre part aux dialogues sur la préparation et la gestion des catastrophes ».
Ce travail continue de porter ses fruits sur le terrain. Plusieurs activités clés ont été mise en œuvre lors de l’opérationnalisation de la NDMA, telle que la mise à jour de la Politique nationale de gestion des risques de catastrophes qui reflète les nouveaux arrangements et les réalités institutionnelles sur le terrain, ainsi que le développement d’un Plan de préparation et de réponse aux urgences pour s’assurer à ce que les procédures et les normes opérationnelles soient établis avant la prochaine catastrophe. La délégation de l’UE au Sierra Leone a été tenue au courant tout au long de la mise en œuvre de ces développements, soulignant l’importance du partage des informations entre partenaires du développement sur le terrain.
Le projet ACP-UE NDRR a aussi éclairé le programme de relèvement d’urgence de Freetown (Freetown Emergency Recovery Program, FERP) de la Banque mondiale qui a pour but de « reconstruire en mieux » les infrastructures endommagées par la catastrophe. La ville de Freetown est particulièrement exposée en raison de sa topographie et de son emplacement sur la côte. Cette approche qui implique de « reconstruire en mieux » et d’améliorer la résilience à long-terme aux glissements de terrains et aux inondations est essentielle pour un pays exposé aux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes qui gagneront davantage en intensité en raison du changement climatique.
S’appuyant sur le succès du FERP, le gouvernement du Sierra Leone a demandé à la Banque mondiale de préparer un nouveau projet pour renforcer le développement résilient et la prestation de services dans les centres urbains à travers le pays, co-financé par le programme « Impacte des villes durables » de la Facilité globale de l’environnement. Ce projet développera les capacités d’aménagement urbaine du gouvernement ainsi que la capacité de mobilisation des revenues des autorités locales. Il financera aussi les priorités urgentes en matière d’infrastructures pour une meilleure gestion des déchets solides et une modernisation ciblée des quartiers et des marchés locaux, avec la résilience aux catastrophes et au climat comme objectif clé et comme principe de conception. En outre, une partie des investissements immédiats pour la mise en œuvre de la nouvelle agence nationale de gestion des catastrophes devrait être aussi financée, comme le développement d’un centre national des opérations d’urgences en cas de catastrophe, qui servira comme plateforme de coordination lors de futures catastrophes.
Face aux effets dévastateurs de ce glissement de terrain, le Sierra Leone a réussi à redresser la situation en menant des réformes importantes et nécessaires qui contribuent à une culture de préparation, de résilience, et de prévoyance pour anticiper et minimiser l’impact négatif des chocs futurs. Une nouvelle demande d’assistance du gouvernement du Sierra Leone a été formulée afin de se concentrer sur le renforcement de la résilience des centres urbains à travers le pays.