La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes, Mme. Mami Mizutori, a souligné l’importance d’une bonne gouvernance pour le renforcement de la résilience aux catastrophes et pour atténuer l’exposition aux risques, affirmant qu’ « une bonne gouvernance des risques de catastrophes peut être mesurée par le nombre de vies sauvées, une réduction du nombre de personnes touchées et la réduction des pertes économiques». Des secteurs divers jouent un rôle intégral dans l’édification d’une société résiliente, car les principes de la gestion des risques de catastrophes (GRC) peuvent guider les politiques concernant la protection de l’environnement, l’utilisation des terres, l’infrastructure, l’éducation, et les enjeux sociétaux transversaux tels que l’inclusion du genre et l’engagement citoyen. Une bonne gouvernance en termes de GRC est essentielle afin de déterminer l’efficacité des pays à se préparer et à répondre aux risques de catastrophes et afin d’en atténuer leur impact. Les institutions gouvernantes aux niveaux local, national, et régional doivent être proactives lors de la planification et la réponse à ces risques systémiques de catastrophes.
Les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ont réalisé ces dernières années de grands progrès pour rendre leurs institutions gouvernementales plus réactives et plus résilientes aux risques de catastrophes. Avec l’assistance technique apporté par l’Union européenne dans le cadre du programme ACP-UE pour la réduction des risques de catastrophes naturelles (NDRR), ces pays ont amélioré leurs capacités institutionnelles à répondre aux catastrophes et à atténuer les risques potentiels en promouvant des politiques et des réformes multi-sectorielles de GRC, en adoptant de nouvelles technologies qui améliorent la qualité et la facilité d’accès d’informations, et d’habiliter certaines tranches de la populations qui avaient été auparavant ignorées lors de mesures prises face aux répercussions socioéconomiques des catastrophes.
Les pays ACP poursuivent activement des réformes politiques, juridiques et institutionnelles pour atténuer les risques de catastrophes et d’y répondre de manière plus efficace. Une solide gouvernance des risques de catastrophes dépend de l’existence de politiques clairement définies, de mesures d’urgence, de directives, et de lignes de coordination claires entre les agences gouvernementales. Par l’intermédiaire de son centre national de catastrophes (National Disaster Center - NDC), le gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée effectue un examen approfondi de ses dispositions administratives et institutionnelles pour la préparation aux catastrophes, et encourage la résilience des communautés. Avec l’assistance technique apporté par le projet ACP-UE NDRR de « Renforcement du cadre politique et institutionnel pour la gestion des risques de catastrophe en Papouasie-Nouvelle-Guinée » le NDC a identifié les lacunes et les priorités politiques, tout en intégrant les aspects de la GRC dans le développement économique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces améliorations apportées à la gouvernance des risques de catastrophes soutiennent les parties prenantes nationales à concevoir des interventions plus efficaces en cas de catastrophe, mais aussi des stratégies à long-terme pour renforcer la résilience et les efforts d’atténuation des risques.
Une bonne gouvernance des risques de catastrophes peut également être développée en exploitant les avancées technologiques qui améliorent la quantité et la qualité des données ainsi que leur accessibilité, démocratisant ainsi le processus de GRC. Un accès plus facile à des données de meilleure qualité démocratise le processus de GRC à mesure qu’il devient plus transparent et favorise le libre accès, impliquant et autonomisant les communautés locales et les groupes de société civile. C’est pour cette raison que le projet « Utilisation de la technologie de rupture pour la gestion des risques de catastrophes en Afrique » est un excellent exemple de l’impact bénéfique des avancées en termes de cartographie de données, de la technologie de drones et de l’intelligence artificielle sur la bonne gouvernance des risques de catastrophes, puisque des autorités municipales en Afrique travaillent avec les experts des risques de catastrophe pour identifier les risques liés à l’expansion rapide des zones urbaines. Le potentiel que ces technologies représentent pour révolutionner la collecte de données dans le milieu urbain suscite un intérêt considérable, et des spécialistes de la collecte et de l’analyse de données géospatiales participent dorénavant au processus de GRC en raison de l’importance que place ce projet sur une approche inclusive et transparente. Une gouvernance qui valorise les apports locaux et la participation de la société civile face aux risques de catastrophes est donc susceptible d’être plus durable et de fournir de meilleurs services d’intervention sur le long terme.
L’inclusion du genre dans la GRC est également devenue une composante essentielle de la gouvernance des risques de catastrophes, car les femmes et les filles subissent différemment les catastrophes par rapport aux hommes et aux garçons, en raison des préjugés inhérents liés au genre. Plusieurs facteurs soulignent ce problème, notamment un accès inégal aux services de relèvement, le fait que les femmes et les filles courent un plus grand risque de violence physique et sexuelle dans les situations d’urgence, ou que les voix des femmes sont souvent exclues des prises de décisions à la suite de catastrophes. Ce défi est en train d’être abordé en Haïti par la direction de la protection civile et le ministère des affaires de la femme et des droits de la femme, en coordination avec d’autres associations de femmes, dont ONU Femmes. Ces institutions identifient les lacunes en matière d’inclusion du genre lors de préparations aux catastrophes et proposent des recommandations pour remédier à ces inégalités avec l’appui du projet ACP-UE NDRR « Intégration du genre et des approches comportementales sensibles pour améliorer la GRC en Haïti ». Des initiatives telles que celles-ci permettront de veiller à ce que la gouvernance des risques de catastrophes tienne compte de la dimension du genre et, par conséquent, d’accroître le nombre de personnes qui sont protégées par des mécanismes de prévention et d’intervention en cas de catastrophe.
La bonne gouvernance de la GRC doit fournir des orientations, des directives et des politiques claires pour le relèvement à la suite de catastrophes et planifier des stratégies à long terme qui renforcent la résilience. Cependant, pour qu’il soit efficace, il doit également s’agir d’un processus démocratique et transparent qui offre des possibilités d’engagement locales et une plus grande inclusion des femmes et des filles dans les stratégies de GRC. L’amélioration de la gouvernance dans les pays ACP, comme dans les exemples ci-dessus, reflétera la déclaration de Mme Mizutori sur la façon de mesurer l’efficacité de la gouvernance des risques de catastrophes en protégeant davantage de vies, ainsi qu’en réduisant le nombre de personnes touchées par les catastrophes et les pertes économiques qui en découlent.